Compte tenu de leurs principes et de leurs valeurs, de nombreuses organisations humanitaires considèrent l’acceptation comme l’approche globale la plus appropriée et la plus efficace et en font le fondement de leur stratégie de sécurité.
Les mesures d’acceptation sont souvent comprises comme la réduction ou l’élimination des menaces potentielles par le développement et le maintien de relations avec les parties prenantes concernées et l’obtention de leur « consentement » à opérer dans un lieu précis. En pratique, l’acceptation peut être plus judicieusement comprise comme un continuum, allant de l’acceptation (la plus sûre) au ciblage (la plus risquée). L’acceptation ne se présuppose pas ; elle doit être activement forgée et maintenue avec diligence. Les mesures d’ « acceptation active » comprennent l’approche stratégique d’un grande nombre d’acteurs et parties prenantes ; le développement des compétences du personnel en matière de relations et de communication sociales, politiques et interpersonnelles ; et la conception et la diffusion de messages clés concernant la mission, les objectifs et les programmes de l’organisation. Les mesures d’acceptation ne sont pas efficaces contre toutes les menaces ; c’est pourquoi une combinaison de mesures est souvent nécessaire dans le cadre d’une stratégie de sécurité.
Les mesures de protection visent à réduire la vulnérabilité. Cela peut se faire soit en renforçant la cible, soit en augmentant ou en réduisant sa visibilité. Les ressources matérielles et les procédures peuvent réduire la probabilité qu’une menace s’approche de la cible, ou atténuer l’impact potentiel d’un dommage sur celle-ci. Concrètement, cela peut se traduire, par exemple, par des équipements de sécurité sur site, tels que l’installation de systèmes d’éclairage et d’alarme, la construction de murs d’enceinte ou l’installation de portails et de barreaux métalliques aux fenêtres. Les programmes de faible visibilité sont de plus en plus courants, surtout lorsque l’acceptation n’est pas une approche viable. Cela peut impliquer, par exemple, le retrait des visibilités de l’organisation des bureaux, du personnel, des véhicules et des résidences.
Les mesures de dissuasion visent à prévenir les attaques en convainquant les agresseurs potentiels que les coûts ou les conséquences d’une action l’emporteraient sur les gains potentiels. Plusieurs moyens de dissuasion sont possibles, notamment le recours à des moyens de pression juridiques ou diplomatiques, ou la menace de suspension des opérations. La protection armée est la forme de dissuasion la plus fortes et complexe utilisée par les organisations humanitaires. La relation entre protection armée et action humanitaire est tendue. Bien que la quasi-totalité des organisations humanitaires aient eu recours, à un moment ou à un autre, à une forme de protection armée, celle-ci est souvent considérée comme un anathème pour l’éthique humanitaire et les discussions à ce sujet sont extrêmement sensibles. La coopération avec un acteur armé – y compris une force mandatée par l’ONU – peut amener les acteurs locaux, nationaux et internationaux, ainsi que la population, à associer les organisations humanitaires et les bénéficiaires de l’aide aux objectifs politiques et/ou militaires de cet acteur armé. Avant de décider de recourir à la protection armée, il est conseillé d’évaluer les avantages et les inconvénients de la situation spécifique, de se référer aux directives pertinentes sur le recours à la protection armée. Il faut également explorer les alternatives possibles. Les organisations ont tout intérêt à disposer d’une politique globale claire sur le recours à la protection armée.