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Aperçu

Une approche de la sécurité centrée sur la personne reconnaît que la prise en compte des caractéristiques identitaires d’un individu est essentielle pour gérer efficacement les risques de sécurité. Plutôt que de traiter les travailleurs humanitaires comme un groupe homogène, également vulnérable aux mêmes menaces, cette approche encourage l’inclusion, la réflexion et la prise en compte de l’impact de leur profil personnel sur les défis et les besoins de sécurité des individus. Ce chapitre aborde les risques liés aux caractéristiques individuelles et les raisons d’adopter une approche centrée sur la personne.

Résumé

Chaque individu est façonné par ses vulnérabilités et ses forces, influencées par la perception qu’en ont les autres. Une approche inclusive de la gestion des risques de sécurité remet en question les stéréotypes qui qualifient certains profils de intrinsèquement plus vulnérables, tout en prenant en compte des facteurs de risque spécifiques qui pourraient être négligés dans une approche homogène.

Les risques identitaires peuvent être liés à des facteurs tels que l’origine ethnique, la nationalité, le handicap, la culture, la religion, le genre, l’orientation sexuelle et le statut socio-économique, ainsi qu’à une combinaison de ces facteurs. Les sources de menace peuvent être internes ou externes à l’organisation. Dans les cultures de travail hostiles, des incidents mineurs peuvent dégénérer en formes d’agression plus graves.

Certaines caractéristiques identitaires, comme l’orientation sexuelle ou certains handicaps sont invisibles, ce qui souligne la nécessité d’une approche inclusive et pro-active de gestion des risques de sécurité qui tienne compte de la diversité des besoins, encourage le dialogue et permette au personnel de faire part de ses préoccupations. De plus, si les risques liés à la localisation sont importants, la « sécurité » d’un lieu dépend souvent davantage de l’identité de la personne et de la façon dont elle est perçue que du lieu lui-même, ce qui nécessite de se concentrer non plus sur « où est sûr » mais sur « qui est sûr ».

En pratique, une approche centrée sur la personne implique de reconnaître les risques spécifiques à chaque profil, liés à l’intersection des caractéristiques individuelles (identité intersectionnelle) et des comportements, aux facteurs organisationnels et au contexte de travail des personnels (physique et numérique), et d’adapter les mesures de sécurité aux besoins et vulnérabilités spécifiques. Si l’accent mis sur les différences individuelles peut susciter des craintes de discrimination potentielle, il est possible d’éviter ce phénomène grâce à l’élaboration collaborative de politiques, à une communication claire et à des mécanismes de retour d’information garantissant des pratiques de sécurité consultatives, équitables, justes et adaptables.

Source : Arthur, T. et Moutard , L. (2022) Vers une gestion inclusive des risques de sécurité : l'impact de la « race », de l'ethnicité et de la nationalité sur la sécurité des travailleurs humanitaires . GISF.

Il existe plusieurs façons de mettre en œuvre et de soutenir une approche centrée sur la personne. En voici quelques exemples:

  • Former les points focaux de sécurité à intégrer les préoccupations en matière de risques liés aux caractéristiques individuelles dans les évaluations des risques, plans et dispositifs de sécurité.
  • Prendre en comptes les menaces internes et externes, en reconnaissant que des cas mineurs d’hostilité au sein d’une organisation peuvent dégénérer en formes de préjudice plus graves.
  • Dans les contextes de groupe, tels que les séances d’information et les formations, il faut déstigmatiser les discussions et s’attaquer aux « mythes » autour de la vulnérabilité personnelle.
  • Impliquer un personnel diversifié dans l’élaboration et la révision des politiques et pratiques de sécurité.
  • Être pro-actif dans l’offre de conseils ainsi que la mise à disposition de ressources accessibles sur les risques liés aux caractéristiques individuelles. Le but étant que le personnel puisse prendre des décisions éclairées en matière de sécurité sans être obligé de divulguer des informations personnelles.
  • Fournir au personnel des points focaux avec lesquels ils peuvent parler de manière confidentielle et individuelle de leurs préoccupations en matière de sécurité.
  • Intégrer les risques liés aux caractéristiques individuelles ainsi que les biais inconscients dans l’offre de formation sécuritaire.
  • Recruter activement des professionnels de sécurité issu d’horizons divers.

Les organisations qui ont progressé dans ce domaine ont commencé modestement, avec des changements ciblés dans des domaines particuliers, qui ont ensuite fait boule de neige. Instaurer une approche centrée sur la personne ne nécessite pas nécessairement un investissement financier ou temporel important, mais peut commencer par un changement de perspective, par exemple en demandant simplement au personnel de sécurité comment une situation ou un programme peut impacter la sécurité de collègues ayant des profils et des besoins différents.

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2.1Les réseaux de sécurité et la collaboration entre les acteurs